Le Nouveau Front populaire doit tendre la main aux autres acteurs du front républicain

Dimanche 7 juillet, au second tour des élections législatives, les Françaises et les Français se sont très majoritairement opposés au Rassemblement national en jouant pleinement le jeu du front républicain initié par le Nouveau Front populaire (NFP). Nous sommes très reconnaissants au NFP d’avoir proposé un tel front, malgré les profondes divergences qui l’ont opposé à l’ex-majorité présidentielle. Les résultats obtenus par l’extrême droite dans un nombre important de territoires montrent cependant que la colère et le désespoir – au sens littéral du terme – de millions de nos concitoyens et concitoyennes restent profonds.

*Arrêter la vague raciste et xénophobe

La voie raciste et xénophobe choisie pour l’exprimer est une impasse qui conduirait le pays au désastre économique, social, écologique et démocratique. Il faut donc réussir à mettre en œuvre ici et maintenant une alternative qui permette d’éviter que la prochaine vague d’extrême droite ne soit encore plus haute et ne parvienne à nous submerger.

Le 7 juillet, les Françaises et les Français ont fait des députées et députés du NFP la première force à l’Assemblée nationale. Ils et elles n’ont pas donné cependant de majorité absolue au NFP et donc de mandat pour appliquer la totalité de son programme, comme cela avait pu être le cas en d’autres temps. Dans un tel contexte, il n’est pas envisageable de commettre l’erreur justement reprochée à Jacques Chirac en 2002 et à Emmanuel Macron en 2017 et 2022, qui, aussitôt élus, avaient oublié les voix de gauche ayant permis leur élection.

Réorienter les politiques publiques

La position de principale force du NFP au sein de l’Assemblée nationale lui donne une responsabilité particulière pour proposer au pays les moyens de sortir de l’impasse où il se trouve du fait de l’absence de majorité claire au Parlement. Il nous semble impossible en effet que la France puisse rester durablement sans véritable gouvernement légitimé par l’Assemblée pour préparer le budget du pays pour 2025 et entamer la profonde réorientation des politiques publiques, indispensable pour ramener la concorde et faire (enfin) reculer l’extrême droite.

C’est pourquoi, le NFP doit sans tarder tendre la main aux autres acteurs du front républicain pour discuter d’un programme d’urgence républicaine et d’un gouvernement correspondant. Ce sera également le moyen de mettre au pied du mur l’ex-majorité présidentielle, en l’obligeant à se positionner vis-à-vis des nostalgiques qui, en son sein et à droite, rêvent encore de poursuivre et d’accentuer la politique qui a conduit le pays au bord du gouffre.

Le point de départ d’une telle négociation sera bien sûr, du côté du NFP, son programme, mais chacun et chacune d’entre nous sait, et admet par avance, que ce ne sera pas le point d’arrivée dans tous les domaines. Et très peu nombreux seront celles et ceux qui, dans le pays, tiendront rigueur au NFP d’avoir dévié de ce programme sur tel ou tel sujet si cela permet que la France soit gouvernée de manière stable et apaisée.

Un programme d’urgence démocratique est possible

Nous avons la conviction que si la volonté politique est suffisante, il est possible de trouver un accord pour un tel gouvernement d’urgence républicaine. Et de montrer aux Françaises et aux Français que le message a été entendu. Que la volonté est là de mettre un terme à la dégradation des services publics, notamment d’éducation et de santé, d’améliorer le pouvoir d’achat des plus faibles, de rééquilibrer les territoires, de lutter enfin contre toutes les formes de racisme et de discrimination, d’accélérer une mutation écologique juste et solidaire et de réduire les injustices sociales et fiscales.

Le tout en commençant à refondre nos institutions pour renforcer la démocratie et à rétablir dans le champ médiatique les conditions d’un débat public serein et de qualité.

La société civile est prête à se mobiliser

Nous savons que la société civile (associations, syndicats, think tanks, etc.) est prête à aider le NFP à dégager un tel programme d’urgence capable de rassembler une grande partie du pays. Et si d’aventure certains ou certaines préféraient privilégier leurs intérêts de boutique de court terme plutôt que les intérêts supérieurs du pays, cette société civile saurait aussi se mobiliser pour les ramener à la raison, comme elle l’a fait entre les deux tours des élections législatives vis-à-vis de celles et ceux qui étaient réticents à la mise en œuvre du front républicain.

L’avenir du pays est entre les mains du NFP. Nous comptons sur lui pour se porter à la hauteur des responsabilités que les Français et les Françaises lui ont confiées.

Premiers signataires : Loïc Blondiaux, politiste ; José Bové, ancien député européen ; Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et écrivaine ; Patrick Braouezec, ancien parlementaire ; Thierry Cadart, questeur du Conseil économique, social et environnemental ; Quitterie de Villepin, innovatrice démocratique ; Cyril Dion, auteur et réalisateur, Hakim El Karoui, essayiste ; Aurélie Filippetti, ancienne ministre ; Noël Mamère, ancien député ; Ariane Mnouchkine, directrice de théâtre ; Christophe Prochasson, historien ; Frédéric Sawicki, politiste ; Benjamin Stora, historien ; Marisol Touraine, ancienne ministre ; Laurence Tubiana, professeure à l’Ecole Normale Supérieure.

Les signataires

Emilie

Agnoux

Cofondatrice du Think Tank Le Sens du Service Public

Claire

Alet

Journaliste et auteure

Nicole

Alix

présidente de la Coop des Communs

Guillaume

Allary

Editeur

Guillaume

Ancel

Ancien officier et écrivain

Guillaume

Balas

Ancien député européen

Alice

Barbe

Directrice de l’Academie des Futurs Leaders

Céline

Bardet

Juriste internationale

Philippe

Barre

Fondateur Darwin Ecosystème

Marie-Pierre

Barrière

Cofondatrice d’associations d’aide aux réfugiés

Mathieu

Baudin

Directeur de l’Institut des Futurs Souhaitables

Laurent

Beauvais

Ancien président de la région Normandie

Anne-Laure

Bedu

Conseillère régionale Aquitaine

Luc

Bérille

Ancien responsable syndical

Loïc

Blondiaux

Politiste

Jose

Bové

Ancien député européen

Fatma

Bouvet de la Maisonneuve

Psychiatre et écrivaine

Rémi

Branco

Vice-Président du Conseil départemental du Lot

Patrick

Braouezec

Ancien député

Thierry

Cadart

Questeur CFDT du CESE

Marine

Calmet

Juriste de l’environnement

Fabien

Chevallier

Fondateur de Sauvons l’Europe

Jérôme

Cohen

Président ENGAGE

Arthur

Colin

Président de Sauvons l’Europe

Quitterie

De Villepin

Innovatrice démocratique

Joel

Decaillon

Ancien responsable de la CGT et de la CES

Amal

Derquaoui

Dirigeante associative

Damien

Deville

Géographe

Cyril

Dion

Auteur et réalisateur

Marie

Dorleans

Cofondatrice de Tous Migrants

François

Dufour

Syndicaliste paysan

Pascal

Durand

Ancien parlementaire européen

Guillaume

Duval

Coprésident du Club Maison Commune

Timothée

Duverger

Spécialiste de l’ESS

Hakim

El Karoui

Essayiste

Aurélie

Filipetti

Ancienne ministre

Hélène

Flautre

Coprésidente du Club Maison Commune

Alain

Foix

Artiste et essayiste

Christophe

Fourel

Cofondateur du Festival de l’Ecologie Populaire

Hélène

Gassin

Consultante

Edouard

Gaudot

Essayiste

François

Gemenne

Politiste

Elsa

Godart

Philosophe

Jean-Pierre

Goux

Ecrivain

Judith

Grumbach

Documentariste

Patrick

Haddad

Maire de Sarcelles

Eric

Heyer

Economiste

Dany

Lang

Economiste

Agnès

Langevine

Vice présidente du Conseil Régional d’Occitanie

Erwan

Lecoeur

Sociologue

Olivier

Legrain

Psychanalyste

Elliot

Lepers

Entrepreneur

Alain

Lipietz

Economiste

Sophia

Majnoni d’Intignano

Directrice d’une fédération agricole

Noël

Mamère

Ancien député

Luc

Marchello

Responsable association d’aide aux migrants

Edouard

Martin

Ancien député européen

Ariane

Mnouchkine

Directrice de théâtre

Arnaud

Parienty

Economiste

Valérie

Paumier

Fondatrice de Résilience Montagne

Clémence

Pène

Experte en participation citoyenne

Cédric

Philibert

Spécialiste des questions d’énergie

Armonia

Piertantozzi

Cofondatrice de Fertiles

Jean-Yves

Pranchère

Philosophe

Christophe

Prochasson

Historien

Jean-Paul

Raillard

Responsable associatif

Saana

Saitouli

Dirigeant associative

Frédéric

Sawicki

Politiste

Réjane

Senac

Politiste

Benjamin

Stora

Historien

Marisol

Touraine

Ancienne ministre

Laurence

Tubiana

Professeur à l’ENS